« Ar-rafîq qabla at-tarîq »

Ikram BenAissa

Le titre de cet article est issu d'un proverbe arabe que l'on peut traduire comme suit: "L'Ami avant la voie". C'est en partant de cette idée que j'ai tenté d'aborder un sujet sensible qui depuis plus de 1400 ans ravage et inonde les débats entre musulmans notamment.

Pour exprimer une pensée, il faut partir de prémisses qui permettront à chaque lecteur de comprendre le ou les messages présentés dans ce texte. Il convient donc d'analyser dans un premier temps, la citation ci-dessus. Plusieurs sens et différents exemples peuvent être illustrés et permettront une compréhension plus large et vaste de nos multiples identités.

Le premier élément qui nous vient tout naturellement à l'esprit, est qu'il faut fatalement choisir son ami avant d'entamer certains projets. Et qu'ainsi, il nous faut bien choisir ses amis pour ne pas se diriger vers la mauvaise voie. C'est faire attention à nos fréquentations en fin de compte.

En termes de mariage cette idée peut également être utilisée. En effet, choisir un bon partenaire dans la volonté de construire un bel avenir en famille est aussi une manière de comprendre ce proverbe. C'est choisir un être de bien, afin qu'ils puissent à deux s'élancer dans un cheminement altruiste.

Les deux exemples sont non-exhaustifs et nous pourrions élargir les situations similaires de la vie jusqu'à en écrire un livre. Ce n'est malheureusement ou- heureusement- pas le but de cet article. Nous avons parlé de « situations similaires de la vie », c'est censé être utile mais aussi, nous permettre d'exploiter concrètement cet adage et le mettre en application dans notre quotidien. Qu'en est-il au niveau spirituel ?

Un proverbe vient forcément d'un passé –proche ou lointain- et essaye de faire tirer des leçons à ceux qui le liront. Ainsi, la citation « ar-rafîq qabla tarîq » peut également être utilisé dans les religions. Choisir des personnages historiques afin d'augmenter au mieux notre vie sur terre est totalement en adéquation avec l'idée de « l'Ami avant la voie ». Ainsi, l'inspiration de modèles historiques afin de se former à devenir un être meilleur est une autre manière d'interpréter « ar-rafîq qabla at-tarîq ». C'est également un choix, et ces sélections ne sont pas innocentes.

Prenons un exemple concret : le martyr du petit fils du Prophète Mohammed, Hussein. Essayons un instant d'écarter toutes ces images négatives qui nous pousses à arrêter la lecture de ces écris; oublions ces pratiques qui chaque année nous incites à ne pas s'inspirer de ce fait historique et reconnu par tous les musulmans. Et essayons un instant de comprendre cet évènement. Nous avons donc le petit fils de Khadija et du Prophète Muhammad qui se retrouve à lutter contre un pouvoir illégal et corrompu. C'est un homme qui est reconnu par tous les musulmans comme faisant parti de la famille du prophète, et qui a été cité dans plusieurs traditions musulmanes comme ayant une valeur inégalable auprès du dernier Messager de Dieu.

Ma question est la suivante : comment des musulmans aujourd'hui n'arrivent –ils pas à s'inspirer de ce noble exemple de justice et d'amour alors qu'ils prétendent suivre les Prophètes et leurs familles et leurs compagnons.

Plus que cela, comment est-il possible de rester insensible à ce fait indispensable de l'histoire de l'islam sans oser avouer les injustices et les atrocités qui ont pu se passer, il ya –effectivement- plus de 1400 ans. C'est vrai, plusieurs à partir d'ici nous ont soit quitté dans la lecture, soit n'arrêtent pas de se dire « le passé doit rester là où il se trouve afin d'éviter d'animer des tensions au sein de La Communauté Musulmane ».

C'est une très bonne réflexion, cet évènement ne doit pas nous diviser, car il faut apprendre des erreurs antérieures pour aller de l'avant. Cependant, tout se tient à « ar-rafîq qabla at-tarîq », il nous faut s'inspirer de belles causes qui sont propres à notre religion dans un premier temps afin d'exceller dans notre comportement. Quel est donc le problème de commémorer une tragédie du passé qui nous permet d'exploiter des valeurs universelles-toujours présentent-, qui nous poussent à attendrir notre cœur et ainsi sensibiliser encore plus notre âme. Car le Messager de Dieu a dit : « Pleurez, et si vous n'y arrivez pas, forcez-vous ».

Hussein n'est-il pas le fils de 3ali le quatrième calife de l'islam ? Pourquoi ne pas l'aimer ? Et pourquoi son histoire est tellement vague dans notre esprit ? N'a-t-il le droit d'être aimé que par les chiites ? « Le Prophète est mort » diront certains en ajoutant : « Nous n'en faisons pas une commémoration pour autant ! ». C'est également une remarque pertinente en soi, elle oublie néanmoins le fait que le Prophète à dit « Je vous laisse deux choses, le Coran et ma famille, prenez-en donc soin ». C'est un devoir pour tous de prendre connaissance de ce Coran et de cette famille parce que c'est le Testament que nous a légué celui que nous sommes censés aimer.

« Ar-rafîq qabla at-tarîq », l'ami avant la voie, le partenaire de bien avant l'union, le choix du modèle historique avant la formation. Dans tous les cas, il y a un choix à faire. Un choix qui nous est libre de faire et qui n'aura pour but que d'élever au plus haut degré notre âme, auprès des Gens parmi lesquels ont souhaite être des plus proches.

Autrefois, Gandhi s'inspira de l'exemple d'Hussein, aujourd'hui ils sont des millions à le faire, leur nombre s'accroît d'année en année, on peut se poser la question du motif de cette croissance… Dans la tradition islamique, on raconte que le prophète avait embrassé Hussein sur la gorge –lorsqu'il était jeune-, cet enfant s'en alla rapporter l'évènement à sa mère Fatima (l'une des quatre femmes du monde); la mère intriguée demanda à son père : « O prophète, pourquoi as-tu embrassé al-Hussein sur la gorge ? ». Il lui répondit « Ma tendre fille, cela briserait mon cœur que de te l'expliquer », elle insista et il répondit « Un jour viendra, où Hussein sera seul face à l'injustice, il se sacrifiera pour la sauvegarde de l'islam et on l'égorgera pour cela. » La fille du prophète commença a pleuré de chaudes larmes et demanda : « Et qui pleurera mon cher fils si nous ne sommes pas là ? » et enfin le prophète termina par « Les générations qui succèderont pleureront pour notre enfant. »

« Ar-rafîq qabla at-tarîq », « l'ami avant la voie », « le partenaire de bien avant l'union », « le choix du modèle avant la formation ».